maandag 7 februari 2011

Beauty nor Beast

L’extrait analysé dans ce commentaire composé contient tous les ingrédients d’une bonne soupe ‘nothombienne’, servie sous forme de son sixième roman « Attentat». Cet ouvrage nous présente une version moderne, mais surtout satirique de célèbres contes tels que « la Belle et la Bête » et « Notre-Dame de Paris ». Amélie Nothomb prend le thème de la beauté comme axe principal, et y rajoute ses propres ingrédients afin de concocter un potage satirique qui se moque un peu des personnages masculins comme Quasimodo ou Cyrano de Bergerac. Afin de rendre son histoire un tant soit peu satirique, l’auteur installe un contraste entre la laideur masculine et la beauté absolue de la femme en valeur, en saupoudrant le récit d’épices corsées. Ces soi-disant ingrédients ‘nothombiens’ se ressentent non seulement dans les pensées et les actions des personnages, mais également dans le langage employé. Pour bien comprendre pourquoi et comment ces éléments donnent une notion satirique à l’histoire, ils seront relevés et analysés d’après les quatre grands événements principaux de cet extrait.
Au cours de l’épisode scruté nous rencontrons trois personnages, les protagonistes : Epiphane Otos et l’objet de son affection, Éthel, qui est accompagnée par son copain Xavier. Une comparaison avec l’histoire célèbre de Quasimodo mise au jour par Victor Hugo s’impose immédiatement : Nothomb créa son propre Quasimodo en brossant le personnage d’Epiphane, tandis que le rôle de la tzigane Esmeralda est rempli par Éthel.
Au commencement de l’épisode, l’écrivaine belge décrit comment l’homme le plus laid au monde assiste à la première d’un film dans lequel joue son grand amour Éthel, à ce moment de l’histoire avec un artiste nommé Xavier. Le film en question s’avère être un navet et c’est dans ce fait qu’Amélie Nothomb puise un certain degré d’ironie pour démontrer l’hypocrisie masculine : au début de la scène en question Epiphane Otos refuse d’accepter la nullité du film et créa ses propres valeurs de beauté autour de l’œuvre. A ce titre, le monde d’Epiphane en devient un en noir et blanc. D’un côté nous retrouvons la beauté absolue d’Éthel qui transperce l’écran. Epiphane se sert d’images bibliques en adéquation avec la perfection de son objet d’affection, allant de l’appeler une vierge du peintre Hans Memling jusqu’à lui accorder le statut d’un ange auréolé. La femme est mise sur un piédestal divin grâce à ces comparaisons.
De l’autre côté, nous ne retrouvons absolument rien. La médiocrité du film en question est complètement ignorée et chaque trace qui renvoie à cette nullité est méprisée. Epiphane manifeste une intolérance et même une agressivité envers les choses inclassables sous le dénominateur de beauté parfaite ou laideur odieuse. Dans l’extrait commenté, cette manifestation d’agressivité se dirige vers le public : « La plupart des gens ne contiennent pas ou peu de substance » est sa conclusion. Celle-ci découle de sa théorie selon laquelle il y a pire que la laideur : la normalité. Cette théorie représente en fin de compte la tour d’ivoire de sa vie qui redéfinit les critères de beauté à sa guise, sans tenir compte du reste du monde qui paraît banal à ses yeux. Ces premiers ingrédients ‘nothombiens’ introduisent l’élément satirique: est-ce la société qui fait en sorte que cette théorie affleure en Epiphane ? N’est-ce pas une critique justifiée sur le monde qui craint d’afficher une opinion opposée à celle qu’il aurait dû avoir ? Ceci est un thème récurrent à travers le roman. Amélie Nothomb met en cause le concept d’ « avis » et force le lecteur s’interroger afin de savoir si son avis est le fruit d’une réflexion individuelle ou tout simplement la preuve d’une conformité selon les règles générales de notre société.
Le événement suivant se déroule après la séance. Éthel, Epiphane et Xavier sont assis autour d’une table et discutent du film. Xavier, qui partage l’opinion du public que le film est mauvais, représente le monde de la banalité qu’Epiphane méprise tant. Ce mépris est exprimé à travers un dialogue où notre Quasimodo lui reproche de s’être endormi pendant le film et ainsi de ne pas avoir accordé l’attention que mérite la beauté sublime liée à l’objet sa flamme, Éthel. A nouveau, Epiphane impose ses propres valeurs et théories tordues, à savoir que, même dans la laideur, on doit être capable de discerner la beauté qui mérite la dévotion absolue. Il impose ces valeurs sans tenir compte de l’opinion des autres: « Chacun ses goûts non ? Tu as le droit d’aimer, j’ai le droit de ne pas aimer » « vous n’aviez pas le droit de ne pas regarder ce film ». Ici, Nothomb nous montre un duel métaphorique entre deux chevaliers : on a le provocateur Epiphane qui, malgré sa laideur extérieure défend son amour avec ardeur tout en maintenant un degré d’éloquence envers son adversaire en le vouvoyant. Opposé à Epiphane, on retrouve le personnage de Xavier qui manie un langage assez grossier (« merde », « c’était chiant », « On s’en fout »), mais qui possède, par contre, un physique plus appétissant. La comparaison entre Quasimodo et son concurrent affleure à nouveau, sauf que le Quasimodo d’Amélie Nothomb s’avère être l’agitateur. Les deux ‘chevaliers’ ont des défauts qui surpassent la dualité classique de la beauté et de la laideur. C’est en vertu de ses propres théories insolites qu’Epiphane provoque le chevalier Xavier qui , à son tour, néglige la fille qui l’aime. Amélie Nothomb montre donc l’hypocrisie masculine indépendante du physique. Par contre, le statut de « madone » qu’Éthel possède dans ce récit demeure inchangé. Le contraste « laideur masculine » et « beauté féminine » est encore renforcé.

Le dernier événement qui met le contraste en évidence se passe au téléphone. Lorsqu’Éthel avoue à Epiphane qu’elle n’approuve pas le comportement de son copain et qu’elle veut rompre, notre Quasimodo ressent une joie extrême. Les mots employés ici sont si bien agencés qu’on voit la dualité sans trop y réfléchir: Éthel « pleure » au téléphone et elle parle de la « souffrance » qu’elle devra affronter après une « rupture ». Par contre, Epiphane « bouillit de joie » en entendant son discours, et n’est que lacéré par le fait qu’Éthel avoue qu’elle est amoureuse de Xavier. Les mots reflètent l’hypocrisie masculine : il y a une différence nette entre ce qu’Epiphane dit à Éthel et ce qu’il ressent. Dans cette optique on peut bien dire que Nothomb déclare que la beauté intérieure de l’homme laid est un phénomène surfait et que l’hypocrisie reste une valeur universelle indépendamment du fait qu’on soit beau ou laid.
Amélie Nothomb nous présente assez d’ingrédients propres à son style pour renforcer le contraste entre laideur masculine et beauté féminine : l’arrogance dont notre protagoniste laid fait preuve lorsqu’il formule des théories impitoyables sur la beauté, l’agression qui découle de ces théories et l’hypocrisie cachée dans les paroles au téléphone sont les ingrédients les plus visibles à travers l’histoire et qui ont été mis en valeur dans l’extrait proposé. Le vocabulaire soutenu du principal acteur est un autre ingrédient ‘nothombien’ qui mérite mention : Il renvoie souvent à des thèmes mythologiques et est plus subtile, mais certainement pas moins pertinent. L’auteur donne à son personnage le don de l’éloquence comme l’avait Cyrano de Bergerac, mais la façon dont ses mots sont employés dans notre fragment a une double fonction. D’une part, ces mots servent à souligner la splendeur féminine d’Éthel, mais d’autre part ils renforcent le cynisme du personnage envers tout le monde autre que sa flamme.
Nothomb pose un grand point de interrogation après l’équation « extérieur beau = intérieur laid » et remplace l’idée d’un héros laid au cœur d’or par un personnage cynique qui méprise la réalité et qui mène une sorte de lutte pour la laideur en proclamant des thèses surprenantes comme le fait qu’une personne doit être d’une extrême laideur afin d’apprécier la beauté. Comme Quasimodo ou Cyrano, le héros tombe amoureux d’une vraie beauté, mais la comparaison s’arrête là. Le personnage de Nothomb concrétise ses théories durant toute l’histoire et force le lecteur de se poser la question métaphysique : d’où vient l’équation mentionnée ci-dessus ? Et surtout : Est-ce la laideur qui fait un attentat sur la beauté ou inversement ?

1 opmerking:

Timmy zei

"Cheap underwear", mais moi j'aime bien le slip ^_^